Le peuple Moso : un monde sans père ni mari

Le peuple Moso a été déclaré peuple modèle au 50ème anniversaire de l’ONU.
Le peuple Moso, est à cheval sur le Yunnan et le Sichuan, sur les contreforts de l’Himalaya, en Chine.

Qui est le peuple Moso ?

Au sud-ouest de la Chine, sur les contreforts de l’Himalaya, une ethnie de 30 000 habitants encore peu connue préserve à travers les âges des traditions et des rites particuliers. Étonnante résistance du peuple Moso, ce “royaume féminin” isolé, où nos conceptions occidentales chancellent.
Dans cette enclave coupée du monde, la femme joue un rôle de premier plan.

Les mères dans la culture Moso

Les mères sont les piliers de la société. Seule l’ascendance féminine est prise en compte et la transmission du nom comme des biens est exclusivement féminine. La notion de père est inexistante. Les hommes et les femmes ne vivent pas en couple mais chacun dans sa famille d’origine. Plusieurs fois par an, l’homme va rejoindre pour quelques jours la mère et sa compagne attitrée. Plus l’homme vient de loin, plus le prestige de la femme est grand. Sans que cela soit ressenti comme de la légèreté sexuelle et tout en observant strictement le tabou de l’inceste, en particulier entre frère et sœur, les liaisons se nouent et se dénouent sans aucune contrainte sociale. Sans mariage ni infidélité, cette société exclut si radicalement la possession que la jalousie en devient honteuse.

La mère est chef de famille. Âgée, elle va préparer une de ses filles à sa succession. Il n’y a pas de partage du patrimoine à sa mort. La propriété communautaire reste la même de générations en générations et la famille, une fois sa subsistance assurée, ne fait pas d’effort pour l’agrandir au détriment d’autres familles ou embellir son patrimoine avec des oeuvres richement décorées. Il y aurait même un certain dédain ou une paresse pour ne pas améliorer la circulation de l’eau potable, installer un minimum de confort pratique et hygiénique. Au contraire chacun en profite pour organiser un rythme de vie paisible et
agréable, avoir du temps pour lui. Le village au bord du lac Luju, où le film a été tourné, est situé dans un paysage enchanteur. Les hommes pêchent de maigres poissons car l’altitude avoisine les 2700 mètres.

Les hommes dans la culture Moso

Les hommes sont dispensés de travail et vaquent en groupe à leurs occupations voire à leur inactivité. De temps à autres, ils aménagent les maisons, les réparent ou en construisent d’autres. Les femmes en groupe assurent l’essentiel du travail pour la subsistance quotidienne. A la tombée de la nuit, les hommes les rejoignent : ils se présentent sous la fenêtre de la jeune femme dont ils espèrent les faveurs. Celle-ci en choisit un avec lequel elle va passer la nuit. Chaque soir elle peut si elle le souhaite, se choisir un partenaire différent. L’homme écarté par une jeune femme s’empresse d’aller rejoindre une autre jeune femme jusqu’à en trouver une qui l’accepte. Rapidement les couples se sont formés et durant la nuit, ils doivent conduire leurs ébats avec discrétion sans déranger la maisonnée.
Cette pratique des visites est spectaculaire pour nous occidentaux mais la plupart des jeunes femmes choisissent de nouer une relation plus durable avec un homme et une fois cette relation officialisée devant la communauté, l’homme et la femme peuvent se comporter l’un vers l’autre dans une fidélité choisie pour une durée qui peut aller jusqu’à la mort. Cependant, à la mort de l’un d’entre eux, l’autre ne viendra pas de son village assister aux funérailles. Il ne viendra pas s’immiscer même à cette occasion dans la vie de la famille de son partenaire.

Les enfants dans la culture Moso

Les enfants sont élevés par les oncles de la mère qui remplacent le père et ils ont de l’affection pour eux comme un père. Les femmes sont fières de leur position sociale et en riant, expliquent que les hommes dans la journée doivent se reposer pour être plus vaillant dans leur lit la nuit durant. Elles tiennent aujourd’hui toujours au maintien de ce mode de vie car elles estiment ne vivre avec leur compagnon que des moments d’amour et de sentiments partagés sans qu’aucune dispute ne vienne détruire ou perturber cette relation. Les aspects matériels, les questions de propriété, les aspects de l’éducation des enfants, tous les sujets sur lesquels tous les couples vivants ensemble vont se quereller tôt ou tard, n’existent pas pour les amoureux du peuple Moso. Ils s’aiment sans contrainte.
Il n’y a pas de mariage arrangé ou pire, forcé. Ils se sont choisis et lorsque l’homme se languit de sa compagne, il va la voir. Une fois abreuvé de marques d’amour, il repart et tous deux à distance entretiennent ce feu sacré. Comme les moyens de communication ont jusqu’à présent été inexistants, l’homme n’avait pas les moyens de prévenir sa partenaire de son arrivée. Il arrivait et la femme le recevait chez elle.

L’impacte de la société chinoise et l’évolution de la culture Moso

Lors du tournage du film en l’an 2000, les modes de vie avaient déjà changé et les mœurs officiels du gouvernement chinois pris le pas sur bon nombre de coutumes ancestrales. Une première tentative de mise au pas du peuple Moso durant la Révolution culturelle dans les années 1950-1970, s’est soldée par un
échec. Sommés par le pouvoir chinois de se marier sous les arrangements de leurs familles ou marier de force par la direction du Parti, de nombreux jeunes couples d’amoureux, plutôt que de voir leur amour être brisé, s’enfuirent dans les montagnes pour se donner la mort, en se laissant, enlacés amoureusement,
mourir de froid. Devant l’hécatombe et la détermination farouche de ces amoureux, la mesure fut abrogée.
Depuis ces dernières années, l’école chinoise installée dans le village prône le mariage et l’éducation des enfants par le père et la mère vivant sous le même toit.

le lac Lugu au Yunnan
le lac Lugu

Devant la caméra, les enfants avouent plus ou moins librement ce souhait alors que les femmes n’en veulent pas !

Les hommes ont trouvé une occupation dans le développement du tourisme à la suite de la construction d’une route qui monte au village depuis la ville distante de près de 200 kilomètres. Ils se font bateliers pour promener les touristes sur le lac. Ces derniers sont surtout attirés par la réputation des femmes du village comme si elles allaient exhiber quoi que ce soit devant eux ou pire, se prostituer pour eux. C’est tout le contraire et les touristes en sont pour être déçus car la journée, il n’y a rien de particulier et la nuit, tout se fait si discrètement qu’ils n’en remarquent rien également et bien entendu, ils ne participent pas aux visites des jeunes femmes. Ce développement du tourisme amène de l’argent au village et les gens peuvent se rendre à la ville pour s’acheter des biens de consommation ou des équipements dont ils n’avaient jusque là jamais l’usage. Les jeunes filles se mettent à rêver sur les photos de jeunes couples dans les magazines et commencent à envisager de quitter le village pour la ville. Leurs aînées se refusent à abandonner leurs modes de vie qui leur a garanti une vie paisible sans violence, haine ou jalousie dans une liberté et une liberté sexuelle sans égale.

Pour combien de temps encore sauront-elles lutter pour préserver ce mode de vie sans dispute et ces relations humaines dans leur communauté ?

Pour le moment les hommes sont occupés à promener les touristes et chaque famille veille à ce que cette rémunération soit égale entre toutes les familles. Les hommes construisent aussi de nouvelles maisons pour loger les touristes.

Petite fille moso
Petite fille Moso

La particularité du peuple Moso

Les indigènes des îles Trobriands

Une comparaison avec la culture des indigènes des îles Trobriands n’est pas significative même si les valeurs et les normes sont très proches. En fait ce sont deux modes de vie différents : si la société est bien matriarcale en Océanie, elle l’est probablement chez le peuple Moso mais bien plus faiblement car il n’y a
pas beaucoup d’échanges de biens matériels entre communautés et la notion de propriété individuelle est très faible voire inexistante chez lui.

Dans les îles Trobriands, il y a des richesses matérielles et du commerce avec d’autres îles. Les hommes se font guerriers, ils pêchent et se valorisent à travers les tâches les plus pénibles. Le rite des visites à la femme est le même que chez les Mosos mais en Océanie, la femme quitte sa famille un moment donné pour vivre avec son mari et le père de ses enfants dans leur propre demeure. La jeune femme Moso comme ses frères ne quittent jamais la maison familiale et restent auprès de leur mère.

Les valeurs du peuple Moso

Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette particularité si déconcertante du peuple Moso ?
Essentiellement la pratique quotidienne des valeurs fondamentales de l’humanité : l’amour et la paix ! La mère n’est jamais séparée de ses enfants tout au long de sa vie et ce sont les sœurs qui à son décès vont choisir qui d’entre elles va la remplacer. L’amour maternelle est ainsi préservé et sert de pilier à la vie sociale. L’éternel féminin de qui tout provient, selon les mots de Paul Éluard.

Cette particularité si déconcertante du peuple Moso se comprend également à travers son cadre de vie bien plus dure et pauvre, surtout l’hiver à cette altitude non négligeable. La région offre peu de ressources et même le bois de qualité est rare. Les familles ne peuvent donc pas rivaliser d’efforts pour accaparer ces richesses naturelles au détriment des autres. Au contraire, il faut s’entraider pour préserver ces ressources. L’âpreté de la vie fait qu’il n’y a pas besoin de deux personnes pour exploiter la nature et les hommes, à les laisser courir la montagne, reviendraient le plus souvent les mains vides, complexés par tant d’échecs. Il vaut alors mieux les dispenser de travail comme pour sauver leur honneur. Il est incontestable que ce peuple a su développer et préserver un art de vivre certes rudimentaire mais bel et bien pacifiste, dans lequel la haine et la jalousie sont honteuses.

Ces valeurs fort honorables et dont nous aurions bien besoin dans notre civilisation matérialiste, sont-elles déduites des contraintes de vie de cette région ?
Sont-elles le résultat d’un sage compromis élaboré à partir d’un bon sens on ne peut plus éclairé ?
Ou sont-elles la volonté des fondateurs de ce peuple qui pour les préserver, ont choisi de se retirer dans cette région à l’écart de la société, comme d’autres communautés ont du le faire notamment aux États-Unis au 19ème siècle ?

Nous n’avons pas la réponse sauf dans les paroles des jeunes femmes qui aujourd’hui préfèrent toujours cette vie paisible et libérée sur le plan sexuel.
Ces pratiques sexuelles ont-elles été voulues dès l’origine par les fondateurs ou sont-elles un compromis, une soupape pour donner plus de gaîté et d’imprévus dans une vie quotidienne bien monotone voire pesante ? Il est incontestable que cette organisation fonctionne correctement sur le plan économique et social, qu’il n’y a pas de querelles sur des choix politiques. Il est clair que les enfants sont loin d’être privés d’amour et d’affection, qu’ils ne connaîtront pas à partir de leur adolescence la frustration sexuelle et les disputes amoureuses, ni des querelles de propriété.

Les principes économiques d’une famille reposent sur tous les membres qui la composent. Chaque personne a un rôle à jouer, il est donc impensable qu’il quitte le foyer pour un amour qu’il peut de toute manière fréquenter à sa guise. Le fait de refuser le mariage inclut donc une sexualité vécue librement, sans domination entre les sexes et sans fidélité.
Cela ne signifie pas qu’un homme et une femme, tous deux amoureux, aillent coucher dans le lit d’autres partenaires. Simplement ils ne jugent pas nécessaire d’en faire une promesse, puisque celle-ci pourrait être brisée. Lorsqu’une séparation survient, elle se fait dans la douceur et le respect de l’autre. Chacun faisant en sorte que l’harmonie persiste.

Les enseignements du matriarcat et du peuple Moso :

  • Dans des conditions de vie difficiles et une certaine âpreté voire pauvreté, personne ne vole les autres ou se querelle, personne ne cherche à s’enrichir sur le dos de ses voisins ou personne ne se laisse aller à l’oisiveté et à la misère. Une réelle solidarité existe et il n’y a pas d’exclus. Même lors des visites à la nuit tombée, personne ne reste seul dans la rue. La pauvreté ne signifie pas déchéance vers la misère, l’obscurantisme et la violence. Au contraire, elle n’interdit pas de vivre en paix, de s’aimer comme bon il vous semble et de vous aider à satisfaire vos besoins individuels matériels, sociaux et spirituels.
  • Tous les sujets de discorde sont évacués et si l’organisation sociale et économique comporte des contraintes, celles-ci sont acceptées au regard des avantages qu’elles comportent quant à la minimisation de la violence. Personne n’impose sa volonté à l’autre, la possession est exclue des valeurs de la culture de ce peuple.
  • L’alcool, les drogues n’existaient pas avant l’arrivée des gens de la ville. La sexualité sert de défouloir dans une bonne humeur ambiante : chaque nuit, les hommes doivent se montrer capables de satisfaire les femmes qui les ont choisis pour partager leur lit (et ils ont toute la journée pour récupérer !). Se donner du plaisir avec le corps charnel et la production d’émotions est une valeur sociale aussi importante chez eux que le travail chez nous, semble-t-il, et les hommes doivent y exceller. Un homme qui ne serait plus accepté la nuit par une femme, atteint la pire des situations sociales.
  • La propriété individuelle n’existe pas, surtout pas celle d’un homme sur une femme et ses enfants. Elle n’est que communautaire et familiale, elle n’est pas source de conflit dans un village car les productions sont réparties au prorata des contributions de chacun. Cependant l’homme doit faire un cadeau à la femme avant qu’elle l’invite à la rejoindre. L’homme qui n’aurait pas les moyens de se procurer un cadeau peut être aidé : la femme qui souhaite l’inviter va lui donner un cadeau, une poule, un objet et il suffira à l’homme de le lui rendre.
  • Le chef n’a qu’une présence symbolique et un rôle limité à la présidence de certains rites sociaux lors des fêtes. Ces fêtes apparaissent comme bien plus rares et moins fastueuses que celles des indigènes des îles Trobriand. Le chef ne peut pas imposer sa décision au sein des familles. Les décisions sont collégiales entre femmes, la mère tranche lorsqu’il le faut. Les hommes n’ont rien à dire et leur capacité de violence masculine est écartée sur le plan social. C’est un des fondements de cette organisation pacifiste. Sur le plan religieux, les moines lamaïstes assurent les cérémonies selon des rites tibétains.
    Lors de la crémation du corps du défunt, les membres de la famille doivent s’en aller du bûcher sans se retourner, les moines assurent seuls les rites funéraires. Les moines ont un rôle secondaire pour le peuple Moso. Dans bien des peuples anciens comme contemporains, pour éviter le partage du patrimoine entre plusieurs fils, les parents gardent près d’eux l’héritier et les autres fils sont placés dans des monastères où ils travaillent pour le bien de la communauté. Les filles sont mariées et ont des enfants pour le développement du peuple. Chez les Moso, les fils qui n’héritent pas, n’ont pas besoin d’aller dans un monastère et aucun n’est placé hors de la famille. La mère garde ses enfants auprès d’elle sa vie durant et gère leurs biens matériels. Tous restent dans la communauté, personne n’en est exclu pour des questions de gestion de la propriété. Le fait pour une jeune femme ou une mère de changer d’amants si elle le souhaite n’a aucune conséquence économique et sociale dans la communauté, il n’y aucune menace pour les enfants et pas de sujets de querelle.
  • Les couples s’organisent avec discrétion pour ne pas être sujets de disputes ou de gêne. L’amour est libre et durant la jeunesse, jeunes gens et jeunes femmes s’y adonnent jusqu’à satiété selon les volontés de chacun. Une jeune femme peut sans complexe avancer un nombre de partenaires supérieur à la centaine, une autre se contenter d’une cinquantaine, l’essentiel est de n’avoir fait aucun tord à l’un d’entre eux, de les avoir respectés et de les avoir satisfaits. Y arriver représente bien une prouesse digne d’éloges sans compter que ces hommes satisfaits sur le plan sexuel vont avoir moins tendance à quitter le village ou à se chercher querelle entre eux pour des peccadilles. Chacun a sa chance, à lui de la saisir et à être patient le cas échéant. Brutaliser une femme ou la violer, comme aux îles Trobriand, n’a aucun sens puisque les possibilités sont réelles de pouvoir un jour faire l’amour avec elle, il suffit de gagner sa confiance pour qu’elle vous dise oui au moins une fois ! Apparemment les femmes préfèrent les joies de l’amour à la chasteté et n’ont pas envie de les perdre ou de s’en priver.

Le peuple Moso nous montre qu’il ne faut pas se priver d’amour et d’abord d’amour charnel.

Des civilisations ou du moins des organisations sociales disparaissent sous nos yeux alors qu’elles renferment des solutions de paix, de relations humaines et sociales solidaires, d’absence de gaspillage ou de gestion de la pénurie, de vision de l’amour et du plaisir, notamment sexuel, pour nous dans nos sociétés de violences croissantes et d’inégalités criardes aux valeurs communes en perdition.

Au lieu d’accumuler le capital et les richesses, de conquérir les terres des voisins si les siennes sont trop pauvres, le peuple Moso nous montre qu’il ne faut pas se priver d’amour et d’abord d’amour charnel, que ni des questions de propriété, ni des questions politiques ou religieuses, ni l’éducation d’enfants, ne doivent venir enfermer un couple dans un statut social qui inévitablement l’obligera à connaître les disputes, le manque de respect, des menées manipulatrices ou agressives envers l’autre, voire le divorce ou la haine, et au mieux une longue et indicible déshabitude de l’intimité de l’autre.

Une communauté dans laquelle les individus n’ont pas d’objet de querelles est d’autant plus forte pour préserver la richesse du partage de ses sentiments les plus purs, de ses moments d’amour les plus libres même si ceux-ci ne durent pas toute une existence humaine commune sous un même toit. La volonté de ces femmes de ne point vivre avec l’homme élu de leur cœur peut paraître choquante pour nos mentalités et nos éducations mais pouvons-nous les accuser d’un égoïsme démesuré au point de préférer le jeu du désir, le plaisir chaque fois renouvelé de l’attente et de la préparation de la rencontre, aux petites et grandes misères de la vie commune plus aptes à éteindre la flamme de l’attirance vers l’autre, à perdre l’élan amoureux qu’à le développer ? Où est la sagesse et l’art de vivre l’amour humain ?

Où est la sagesse et l’art de vivre l’amour humain ?

Une chose est certaine, les manières de vivre du peuple Moso sont en train de changer et la volonté du gouvernement chinois de parvenir à ses fins par des voies moins brutales, ne fait aucun doute même s’il n’utilise semble-t-il pas ici les méthodes criminelles qu’il déploie dans le Tibet voisin et que depuis dix ans, cette région du Yunnan et du pays des nuages n’est plus interdite d’accès.

Ce film documentaire prend ainsi toute sa valeur dans cette restitution d’une organisation sociale dans laquelle la pratique de l’amour l’emporte sur les guerres, la misère, les viols et le rejet de l’autre. La femme-avenir de l’homme habite pour quelques temps encore, souhaitons le, davantage les berges du lac Lugu que nos villes et nos campagnes des pays dits civilisés… et les Roméo du peuple Moso n’ont pas à suivre longtemps la course de la lune avant de se languir dans les bras de leur bien-aimée d’une nuit. Cela a de quoi nous fasciner comme ces touristes chinois qui montent dans ces villages mais ne suffit-il pas pour nous de changer nos regards entre nous hommes et femmes ?

Enfin, en regardant ces photos du lac Mères, traduction française du mot Lugu, nous devons nous souvenir d’un autre lac à près également de 3 000 mètres d’altitude dans les Andes et berceau du peuple atlante lorsque les visiteurs venus de Vénus débarquèrent là pour transmettre leur forme de vie à une espèce vivante sur notre planète. Le peuple Moso s’est-il retiré au bord de ce lac par simple commodité pour fuir les autres et vivre ainsi en paix et en amour ? Les fondateurs de ce peuple ont-ils voulu reproduire la démarche originelle installée à Tiahuanaco des milliers d’années auparavant sachant que s’ils “revenaient”, leur endroit serait idéal pour les retrouver ? Avant que cette culture ne disparaisse sous la pression des cultures chinoises et occidentales, est-il encore possible de trouver des traces de ces légendes fondatrices qui nous relieraient à ces origines d’avant le dernier grand cataclysme qui forcément laissa des traces significatives à travers la chaîne de l’Himalaya, surtout si elle échappa au déluge ?

le cas d’une jeune fille Moso en conflit avec sa culture d’origine

pour prendre connaissance de l’article sur le livre d’une jeune fille Moso, Yang Erche Namu, devenue une star en Chine et qui hésite entre sa culture maternelle et la culture moderne :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yang_Erche_Namu

https://www.amazon.fr/Adieu-m%C3%A8re-Yang-Namu-Erche/dp/270213548X

Présentation de l’éditeur :

Adieu au lac Mère est le récit d’une enfance extraordinaire dans une société hors du commun. Cette enfance est celle de Yang Erche Namu, célèbre chanteuse et mannequin chinoise, qui vit aujourd’hui entre Pékin, Rome et San Francisco. Namu est née en 1966 chez les Moso, une société matrilinéaire des montagnes de Yunnan, à la frontière sino-tibétaine, à 2700 mètres d’altitude. 

Le pays des filles

Les Chinois appellent le pays moso ” le pays des filles “, car chez les Moso, les femmes sont chefs de famille.

Les Moso ont rejeté le mariage. Les unions sexuelles sont temporaires et les enfants appartiennent d’office à la famille maternelle. La société moso encourage la tolérance, le respect d’autrui et l’aide collective..

Adieu au lac Mère relate les seize premières années de la vie de Namu, sa relation douloureuse avec sa mère, ses désirs de voyage et d’évasion, son ambition de voir le monde et l’aboutissement de ses rêves lorsqu’elle réussit un concours de chant et intègre le conservatoire de musique de Shanghai. .

adieu lac mère

Le récit de l’apprentissage de Namu est à la fois plein de drame, d’étrangeté et de beauté.

A travers les yeux d’une enfant puis d’une adolescente fougueuse, on pénètre dans les alcôves où luisent au coin du feu les visages tannés, on goûte au thé au beurre de yack et on s’enivre de l’air des montagnes.

On découvre comment s’y déclinent l’amour entre mère et fille, le conflit entre l’individu et la société.

On éprouve les bouleversements sans précédent que sont l’intrusion de la révolution chinoise dans cette société millénaire aussi bien que l’éveil à la liberté d’une jeune fille au destin exceptionnel.

Ce livre repose sur la rencontre de Namu avec une anthropologue française, Christine Mathieu, qui est l’une des premières Occidentales à avoir pu étudier les mœurs des Moso..

mise à jour du 5/12/2007 : pour voir la vidéo de Namu déclarant son amour au Président Sarkozy : 

http://www.purepeople.com/article/namu-nicolas-sarkozy-voulez-vous-m-epouser_a1596/1

Notre bref commentaire : Namu, nous t’aimons toi et tes soeurs Moso depuis longtemps. Il est vrai que la France a besoin d’une révolution et la place que tu souhaites prendre t’irai à merveille, surtout si tu acceptes à ta table des poètes comme nous et je vois que tu les aimes déjà beaucoup. A défaut d’une réponse positive de Nicolas, patiente un peu. Nous allons changer la vie en France et certainement aussi en Chine et ailleurs, cela pourra te rappeler un peu ton village d’enfance et ses valeurs de paix et d’amour. Tu seras de la fête sur nos Champs Elysées. Nos baisers t’accompagnent par dessus les cimes de l’Himalaya.

La propriété commune

La rareté n’est pas une fatalité, et moins encore « une donnée naturelle »

Michel Aglietta et André Orléan

Il faut bien comprendre que la rareté n’est aucunement une donnée naturelle qu’on pourrait mesurer à l’aide d’indicateurs objectifs comme, par exemple, le niveau de vie moyen de la population considérée. De même, on commettrait une méprise totale en disant que plus une société est prospère, moins la rareté y est présente. Il en est tout autrement. La rareté désigne une forme d’organisation spécifique, instituée par le marché, qui fait dépendre, dans des proportions inconnues des autres sociétés, l’existence de chacun de sa seule capacité à acquérir des objets sans qu’il puisse attendre un secours d’autrui.


Marshall Sahlins le décrit merveilleusement dans un ouvrage admirable. Étudiant les peuples de chasseurs-cueilleurs, c’est-à-dire l’une des sociétés les plus anciennes du globe puisqu’elle remonte au paléolithique, il montre que ces sociétés, paradoxalement, connaissent l’abondance.

Certes, le niveau de vie est très modeste mais personne n’y meurt de faim, car la coutume du partage et de l’entraide y domine la vie sociale. Dans ces sociétés, « aucune relation entre l’accumulation de biens matériels et le statut social n’a été instituée ». On peut même dire que toute l’organisation communautaire vise à « limiter la propriété des biens matériels ».

C’est dans nos sociétés que la rareté s’impose comme une puissance autonome, sans appel, qui règle la vie des individus, sans considération pour leur dignité sociale : « c’est nous et nous seul qui avons été condamnés aux travaux forcés à perpétuité. La rareté est la sentence portée par notre économie, et c’est aussi l’axiome de notre économie politique… L’homo oeconomicus est une invention bourgeoise ; il n’est « pas derrière nous, disait Mauss, mais devant nous comme l’homme moral ». Les chasseurs collecteurs n’ont pas brigué leurs instincts matérialistes ; ils n’en n’ont simplement pas fait une institution.»

La monnaie, entre violence et confiance, Paris, Odile Jacob, 2002.
Anti manuel d’économie, 1 les fourmis, page 342, Bernard Maris, Edition Bréal.


Nous trouvons ici une explication économique de la propriété commune et de l’absence d’enrichissement matériel chez les Moso. Nous pouvons ajouter qu’une autre rareté n’existe pas chez ces peuples : la mort n’est pas la source de la rareté de la vie et cette rareté prétendue de la vie ne vient pas légitimer la
rareté matérielle instaurée par les dirigeants du système économique occidentale capitaliste et libéral. Propriété commune et pratique de la démarche initiatique spirituelle vont de paire pour cimenter la confiance que les individus ont dans leurs groupes sociaux.

Découvrir : les gardiennes de Kihnu, une des dernières sociétés matriarcales d’Europe

https://www.lemonde.fr/mmpub/edt/zip/20141003/125605/index.html

Il est bientôt minuit dans la ferme en bois « Metsamaa », qui a revêtu des allures de fête en cette veillée d’août, sur la petite île de Kihnu (Estonie), confetti de terre perdu au large du golfe de Riga. Telles des toupies, les jupes de laine rouge aux rayures chamarrées tournoient et se confondent au rythme entêtant des violons et des accordéons. Fillettes, adolescentes et mères enchaînent, fébriles, le répertoire de leurs danses traditionnelles. Hormis quelques jeunes garçons, les hommes de Kihnu, eux, sont absents.


Pêcheurs ou navigateurs de pères en fils, ils s’exilent de longs mois en mer. Alors, les femmes ont appris à se débrouiller seules. Depuis le milieu du XIXe siècle, elles régissent ainsi les affaires de la communauté de cinq cents habitants et gardent l’île. Ce sont elles qui veillent sur les fermes, les champs, les récoltes, le bétail, les enfants, mais aussi et surtout, sur les traditions et l’artisanat. Un héritage culturel séculaire que l’isolement leur a permis de préserver malgré l’emballement du reste du monde.


En 1787, Jefferson, principal rédacteur de la Déclaration d’Indépendances des États-Unis d’Amérique, déclarait à propos des Iroquois :

« Je suis convaincu que les sociétés indiennes qui vivent sans gouvernement jouissent globalement d’un degré de bonheur bien supérieur à ceux qui vivent sous les régimes européens ».

Jefferson

… Depuis nous avons découvert le peuple Moso, celui qu’Alexandra David Néel chercha si intensément vers 1920 et qu’elle était proche de rencontrer vers 1924 lorsque l’occasion se présenta d’aller enfin à Lhassa.
Ce qui fait qu’elle ne rencontra pas les Mosos en 1924 ni par la suite…

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